La majorité des clients avaient déjà fait leur entrée dans l’immense salle, et en parfaite petite employée, Arsinoë s’était chargée de les accueillir un à un, ou même parfois en couple. Mais comme à chaque fois, certains décidaient de se faire remarquer en arrivant en retard. Ou alors ils ne savaient tout simplement pas lire l’heure. Pourtant la jeune femme ne pouvait s’empêcher de se dire que les technologies sorcières, bien qu’ayant un peu de retard, étaient suffisamment avancées pour qu’ils puissent se présenter à l’heure demandée. Mais comme toujours elle prenait son mal en patience, attendant que les dernières réservations pointent le bout de leur nez. Le plus vite l’arrangeait tout de même. Postée bien sagement derrière son comptoir, elle ne quittait pas moins son habituel sourire qui ravissait les clients dès leur entrée. C’était ainsi qu’elle avait réussi à se faire une place au Crystal Dome. Stagiaire parmi tant d’autres, elle n’aurait probablement pas décroché un emploi fixe ici si les retours et les avis sur la jeune femme n’avaient pas été si positifs de la part des clients. Enfin elle repéra une autre barque arriver au loin, la lumière éclairant les deux visages du couple qui ne semblait pas se soucier le moins du monde du fait que la soirée allait commencer sans eux. Lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, la jeune femme se retient de faire une quelconque remarque, les accueillant chaleureusement tout en vérifiant leurs noms sur la liste. Une fois chose faite elle leur indiqua la porte menant à la fameuse salle où se déroulait ce soir un bal donné en l’honneur d’elle ne savait trop quel sorcier connu. Fréquenter à distance les plus grands noms de leur société était devenu une habitude pour Noë, qui ne se souciait plus comme au début de qui serait présent ce soir là. Ce n’était pas de la lassitude non, elle aimait ce qu’elle faisait. Elle pensait d’ailleurs qu’elle n’était douée que pour ça, servir les autres. Une dizaine d’autres barques arrivèrent au Crystal Dome, avec à leur bord les derniers invités qu’Arsinoë attendait. Il fallut alors s’activer un peu pour que tout ce beau monde entre au plus vite. Enchaînant les salutations de bienvenue et les vérifications des noms sur la liste, la jeune femme appela une collègue pour avoir un peu d’aide et se montrer plus efficace. C’est alors qu’il décida de faire son entrée. Elle ne le remarqua pas immédiatement, il fallut que ce soit sa collègue qui lui indique sa présence. « Euh… Noë, y a un type qui a pas l’air net qui vient d’entrer. » Relevant la tête, elle ne pu retenir un soupir d’agacement en voyant l’état dans lequel il était. Ciaràn semblait irrécupérable, titubant à chaque pas alors qu’il venait de passer le pas de la porte. « Je vais m’en occuper. » Arsinoë laissa alors sa collègue seule avec les invités pendant qu’elle se dirigeait vers cet homme qu’elle aurait bien souhaité ne pas connaître à ce moment là. Elle connaissait les problèmes contre lesquels Ciaràn luttait. Du moins elle pensait les connaître. Jamais elle n’avait réellement fait face à l’ampleur que ceux ci avaient. L’alcool semblait être pour lui la seule solution face à tout. Face au monde entier. Pourtant il y a quelques années, elle l’avait connu si différent. La vérité sur ce qu’il était devenu lui était tombée dessus, sans vraiment prévenir, alors qu’il avait soudainement fait sa réapparition. Le premier soir, elle n’avait pas parfaitement saisit de quoi il en retournait. Puis elle avait fini par comprendre. Mais entre eux, rien n’avait vraiment changé. Hormis le fait que désormais l’alcool s’était immiscé dans leur lit, entre Noë et Ciaràn la même attraction physique était toujours présente. Il n’y avait rien de plus. Et tous deux semblaient s’en contenter largement. Mais la jeune femme supportait de moins en moins son alcoolisme. Il avait été avant tout un ami, et le voir ainsi se détruire n’était pas ce qui la réjouissait le plus. Mais elle ne comptait pas laisser passer l’attitude qu’il avait en ce moment même. Venir ici dans un minable état ? Oh non, elle n’allait pas laisser passer ça. « Tu peux m’expliquer ce que tu fais là ? Je te rappelle que je bosse ici moi. » Elle sifflait entre ses dents pour ne pas que le reste des invités ne l’entende, même si quelques têtes curieuses s’étaient déjà retournées dans leur direction. « A moins que tu ne sois même pas en état de comprendre ce que je dis… » Elle ne pouvait s’en empêcher, il y avait un peu d’agacement dans sa voix. Et un peu d’inquiétude aussi. Parce qu’elle savait parfaitement bien comment ça se terminait lorsqu’il était dans les parages.